lundi 11 février 2013

Ode pour une Automate Mélancolique


Contrairement à ce que semblait annoncer le titre, non, je n'ai pas écrit de poème en l'honneur d'Orianna.
Parce que vous l'aurez compris, c'est bien d'elle dont il est question.
Non je souhaitais plutôt lui rendre un hommage, à ma façon.

Alors pourquoi la dis-je mélancolique?
C'est une réflexion assez récurrente des thèmes de cyberpunk où apparaissent les premières intelligences artificielles affirmées et les questions éthiques qui en découlent.
J'y reviendrai un peu plus tard, d'autant plus qu'il faudra bien voir que plutôt que cyberpunk, elle s'inscrit dans un univers steampunk, plus conforme à celui de League of Legends.
Car oui League of Legends est un mélange de steampunk et d'heroic fantasy.

Et là pour donner un peu d'ambiance au reste, je vous propose un morceau :



Il s'agit du thème que l'on peut entendre du film « Ghost in the Shell » accompagnant une séquence où le corps de l'héroïne, le Major Motoko Kusanagi est confectionné.
C'est particulièrement important pour la trame du film car tout du long cette dernière s'interrogera sur son existence. Elle se comparera aux poupées de porcelaine animées par une IA (Intelligence Artificielle).


Courte réflexion étymologique



Donc pour commencer.
« Oriana » (un n) est un mot irlandais qui signifie « blond » ou « doré », ce qui semble assez bien s'accorder avec le skin original.


Petite chose subsidiaire, et qui n'est sans doute rien d'autre qu'une coïncidence, il se trouve que dans la série « Mass Effect », on trouve un personnage nommé Oriana (avec un seul n aussi), qui a été « génétiquement créée parfaite » par un homme, un père grand scientifique de son Etat, alors que sa première fille avait réussi à s'échapper de son emprise.

Le parallèle est amusant puisque dans les deux cas les personnages sont nés artificiellement dans une volonté de recréer quelque chose qui avait été perdu : une fille.

Mais ce qui est vraiment intéressant c'est qu'étymologiquement en latin « Oriana » pourrait aussi signifier « se lever ». Et là on peut voir une connexion avec cette idée de l'IA qui s'éveille. Elle n'est plus simplement une chose inanimée, mais véritablement la créature qui s'émancipe.
Elle devient un être à part entière, pensant et agissant à sa guise, et non forcément telle qu'elle a été conçue.


Questions existentielles sur les êtres vivants



Ce que l'on sait d'Orianna pour rappel, de part son historique et son jugement c'est qu'elle possède l'intégralité des souvenirs de la fille de son créateur.
Elle n'est pas elle pour autant !
Elle aura certainement sa propre conception des choses due à sa nature : un être mécanique. A la manière de Blitzcrank finalement qui a aussi développé un « esprit ». On parle de « Ghost » dans ce cas dans « Ghost in the Shell », ce qu'on pourrait traduire par l'âme dans l'enveloppe.
Ce qu'a créé Corin (le père), c'est l'enveloppe auquel il a ajouté les souvenirs de sa défunte fille. Mais c'est Orianna qui a développé son « âme » (je ne suis pas friand de ce terme étant athée).
En ce sens l'automate n'est pas la fille qu'il a connu, elle ne fait que partager ses souvenirs. On peut bien imaginer que ce doit être désorientant pour eux deux.

Tout ça pour vous faire comprendre dans quel état d'esprit doit être Orianna et quelles interrogations métaphysiques doivent la torturer.
Qu'est-elle exactement? Une simple poupée auquel on aurait appris à parler? Ou est-elle réellement vivante?
Peut-on appeler son état la vie?
Elle doit beaucoup communiquer avec sa sphère...

Ces types de questions sont fréquentes dans les œuvres de cyberpunk.
Souvent elles nous amènent à nous interroger sur ce qu'est une forme de vie. Une IA peut-elle développer un « Ghost » et devenir l'égal d'un homme, jugeant par son libre arbitre? Ou n'est-ce en réalité qu'une illusion engendrée par un méandre de programmes très complexes?

D'où à mon sens sa mélancolie.

Un personnage que j'aime aussi beaucoup et qui reflète ce sentiment est Rachel, du roman / film « Blade Runner ».
C'est là une androïde / répliquante, un être artificiel. Pourtant la distinction entre humain et androïde est si floue que l'on doit s'en remettre à des méthodes mesurant l'empathie (notamment envers les animaux) pour les différencier.
Le thème est globalement le même. Ces personnages se questionnent sur ce qu'est la vie et quelle est sa valeur.



Pour servir de transition, il est amusant de noter que les androïdes de Blade Runner apprécient l'art. L'une d'entre eux est devenue une chanteuse d'Opera renommée !
Certaines personnes posaient cet argument comme distinction entre les hommes disposant d'une conscience et les animaux par exemple.


Symbolique de la danse du temps




Si dans la partie précédente nous étions dans le cyberpunk, celle-ci est bien plus steampunk dans l'esprit et dans l'esthétique.

Tout d'abord je vais donc commencer par un petit résumé sur ce qu'est le steampunk, ce qui n'est pas nécessairement évident pour tout le monde je suppose.

Ce qui est important de comprendre c'est que le steampunk est un passé alternatif. Nous sommes au XIXième siècle, même si certains mécanismes peuvent paraître extrêmement avancés technologiquement. On a l'habitude de dire que c'est un style victorien, et je crois que le meilleur moyen de l'avoir à l'esprit et de penser à « Jules Verne » et son « Nautilus » par exemple.

League of Legends se place dans un genre à la croisée du steampunk et de l'heroic fantasy, ce qui n'est pas si rare que ça en vérité. C'est par exemple le cas de l'univers de « Warcraft » où l'on peut croiser des locomotives et des fusils avec que de l'autre coté on a des elfes encore armés d'arcs.
Mais c'est encore plus flagrant dans LoL, où deux Cités-Etats sont résolument dans le steampunk : Zaun et Piltover. Et ce depuis les tous débuts du background puisque Blitzcrank est un champion très ancien.

Bon tout ça pose la conception d'Orianna : la Demoiselle mécanique (Lady of Clockwork an anglais).
Ce terme anglais est intéressant car il fait référence aux mécanismes d'engrenages utilisés en horlogerie. Ce qui nous amène directement à la thématique du temps qui s'écoule sans discontinuer. Symbolisé par ces rouages parfaitement ajustés et définitivement liés au steampunk.
D'ailleurs vous trouverez directement un lien avec le « tutu » d'Orianna qui a la forme d'un engrenage et qui tourne en cadence.

Et il est amusant de noter le rapport entre ces engrenages et le talent particulier de l'automate : La danse !
Particulièrement la danse classique d'ailleurs, très codifiée, fonctionnant par temps et correspondant étrangement avec la période pendant laquelle se positionne le steampunk, le XIXième donc.
Notez aussi que ces ballets ont ce coté très « mécanique » dans leur exécution. Ce qui fonctionne très bien avec cette idée de l'automate et de l'horloge...



Il y a aussi un lien évident entre la danse et le temps.
Synthétique, Orianna est une danseuse infatigable, elle tourne et tourne comme le temps comme les rouages qui entraînent les montres et pendules.
Cependant elle est aussi actionnée par une clé et a ainsi une espérance de vie. Et alors qu'elle danse, son temps s'amenuise...

C'est plutôt triste finalement.

Oui c'est décidément une championne empreinte de mélancolie, dont la vie est aussi artificielle qu'éphémère.
Ma pauvre Ory.



Article écrit milieu 2012.

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